Philippe Ciaparra
PHOTOGRAPHE
Écrits
Nus
Des corps féminins allongés sur un drapé noir, ils sont nus et seule la forme, faite de courbes et de lignes, est mise en valeur. La lumière en clair/obscur décide d’en apercevoir ses subtilités.
Considérons qu’ils sont des vallées, des déserts, des paysages en quelques sortes.
Ils sont aussi des mers calmes d‘un heureux voyage, car de temps à autres je vois les corps danser dans un mouvement indécis.
Les corps dansants sont-ils devenus la mer ? la danse c’est le mouvement, pourtant la photographie a rendu ces corps immobiles.
La photographie c’est immobile et l’éternel, je me retrouve alors dans une étrange singularité, dans une dualité car il n’y a que la mer qui danse car éternelle est la danse de la mer.
Portraits
Des visages féminins en semi-profil éclairés en partie, derrière elles, le fond est neutre, dans une nuance plus ou moins abrupte allant du blanc vers le noir. Les modèles entretiennent une certaine distance avec la réalité, les regards sont suspendus et fuyants, détachés. Elles sont intemporelles et semblent avoir été photographiées nues.
La composition, est formelle selon le principe classique. Les visages sont centrés aux deux tiers de la hauteur, les épaules, quelquefois apparentes, équilibrent l‘ensemble de l‘image.
J’ai la certitude, bien au-delà de ce que j’observe, qu’il n’est de réalité qu’en lumière, car sans lumières tout n’est que probabilité d’existence.
Nous y voyons des souveraines en exil ayant conservé leur noblesse malgré le déclin de leur empire, cet empire qui s’étend aussi à la belle apparence du monde onirique. Leurs yeux d’un calme solaire portent encore en eux la fougue, qu’ils soient d’irritation mélancolique, ils doivent encore se revêtir du voile secret des illusions.
Peut-être n’ont-elles pas le premier rôle dans cet art de l‘apparence, mais, au fond, en ont-elles vraiment besoin pour nous refléter les rêves et les désirs du photographe inquiet des paradoxes de la représentation ?
Philippe Ciaparra
Paris, 2019-2021
Tirages palladium
Le tirage palladium est autant un objet précieux qu’il est inaltérable et sa beauté, selon le papier choisi et le mode d‘étendage de la solution de palladium, lui donne une magie et une noblesse inégalable.
Il y a aussi une raison plus profonde pour ce désir d’utiliser cette technique. Ce rejet de l‘éphémère accompagné de l’idée qu’avec le temps qui passe mes tirages puissent un jour se détériorer s’ils étaient réalisés avec des techniques plus actuelles.
Au fond, je suis obsédé par l’idée que les choses puissent un jour disparaitre et j’y vois là une promesse d’immortalité.